La Canne.
Accessoire vestimentaire à
ses débuts, redoutable arme de défense
ou d'attaque pour quiconque s'avait la manier,
la canne fut oubliée petit à petit
avec la mode et la première guerre ²
mondiale. Sport de combat de nos jours, elle fait
partie des disciplines associées de la
Boxe Française.
Les règles :
Protégés par un
masque, des gants et une combinaison matelassée,
les combattants (appelés tireurs) s'affrontent
dans une aire de six mètres de diamètre.
Il s'agit alors de toucher son adversaire sur
l'une des zones autorisées (tête,
buste, jambes) à l'aide d'une canne en
bois de châtaignier de 95 cm de long. Six
coups de base sont utilisés (brisé,
enlevé, croisé bas, croisé
haut, latéral extérieur et latéral
croisé). "Loin d'être un handicap,
cette limitation permet l'élaboration d'un
enchaînement très créatif",
assure le professeur Jean-Louis Didou.
Le combat :
La durée d'un combat varie
de 1 à 4 minutes, en fonction de la catégorie
(de benjamin à vétéran).
En compétition, l'issue de la rencontre
repose sur le résultat de deux assauts
de deux minutes chacun. Pour départager
les tireurs, un écart d'un point minimum
- c'est à dire une touche sur la surface
de frappe autorisées - est nécessaire.
Mais lors d'une finale, un troisième assaut
peut-être décidé par des arbitres.
Les grades :
La progression des élèves
est graduée de 1 à 8. Ces grades
sont décernés en club par des moniteurs.
Ce dernier commence comme initiateur, puis devient
moniteur du 1er degré avant d'atteindre
le grade le plus haut ; professeur du 2e degré.
Il est cependant difficile d'évaluer le
nombre de pratiquants. En effet, le Comité
national de canne de combat et bâton rassemble
environ 3000 personnes de tous les âges
dans la France entière, mais de très
nombreux professeurs de Boxe Française
et de Savate enseignent également cette
forme d'escrime, à la manière d'un
exercice d'assouplissement.
Canne de combat et baton :
l'escrime du bois
La canne de combat, longue d'environ
95 cm et pesant 125 g, a presque toujours été
associée à la pratique et à
l'enseignement de la boxe française. Autrefois
obligatoire dans le cursus de l'enseignant de
canne, elle est maintenant au sein de la Fédération
une discipline associée mais indépendante.
La boxe française née en 1820 dans
le faubourg parisien de la Courtille, elle s'appelait
alors la " savate " ou le " chausson
" lorsqu'il s'agissait d'enseignement militaire.
Vers 1830 après avoir étudié
la boxe anglaise à Londres, Charles Lecour
ajoute la technique des poings à celle
des pieds et crée la boxe française.
En 1877, Joseph Charlemont (1839-1914) publie
le 1er livre technique de boxe française.
En 1899 se déroule le combat historique
de Charlemont (qui l'emporte) contre l'Anglais
Jerry Driscoll, champion de boxe anglaise. Vers
1900 la boxe française est enseignée
dans l'armée, les écoles et les
sociétés sportives, elle devient
un sport national. Vers 1940 la boxe française
décline devant la concurrence de la boxe
anglaise professionnelle. La Fédération
Nationale de Boxe Française est créée
en 1973, elle devient la Fédération
Française de Boxe Française-savate
et disciplines associées en 1976. Une Fédération
Internationale de boxe française-savate
est créée en 1985.
*L'art de la canne est alors
aussi bien enseigné dans les arrières
salles des débits de boissons populaires
que dans les salles d'escrime, et les premiers
manuels sont rédigés par des maîtres
comme Leboucher, qui fait paraitre en 1843 une
Théorie pour apprendre à tirer la
canne, et, plus tard par le prestigieux Charles
Charlemont, qui publie en 1899, L'Art de la boxe
française et de la canne.
A Paris, on retrouve souvent
la canne au côté de mouvements politiques
comme celui des anarchistes ou des Camelots du
Roi, qui en avaient fait un signe de reconnaissance,
mais également un redoutable instrument
de combat aux extrémités plombées.
La police elle-même n'était pas avare
de coups, ce qui valut à certains de ses
représentants le surnom ironique de "cognes".
"En 1899, un commissaire de police a été
grièvement blessé lors d'une émeute,
raconte Gilbert Segas, un antiquaire spécialisé
dans les cannes anciennes, et la même année
le président de la République, Emile
Loubet, a été assailli à
coups de canne par un opposant, le baron de Christiani".
Si l'arme est ancienne et fait partie du patrimoine,
le sport, lui, ne cesse de se renouveler et d'attirer
de nouveaux pratiquants, plus passionnés
que jamais. Symbole de l'aristocratie, à
l'égal de l'épée, la canne
est popularisée pendant la Révolution
grâce aux "incroyables" dont les
gourdins volontairement frustres, à l'inverse
des cannes ornées de l'Ancien Régime,
semaient la terreur dans les rues de la capitale.
Simple pièce du costume au XIX ème
siècle, la canne suit la mode pas à
pas à travers l'Europe. On la porte au
bout du bras, du bourgeois libéral au monarchiste
convaincu, sans oublier le bonapartiste, le compagnon
du devoir ou le souteneur des Batignolles.
Dès lors , l'imagination
s'enflamme, et l'on ne compte plus les brevets.
Canne-épée, canne-fusil, canne-pistolet,
canne à système hérissée
de lames de rasoir : cet attirail inonde le marché.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale,
l'armée contribua également à
la diffusion de la canne française et du
bâton car tous les conscrits étaient
tenus d'en connaître au moins les rudiments,
et les maîtres d'armes décernaient
à ceux qui s'en montraient dignes des brevets
que se disputent aujourd'hui les collectionneurs.
La canne est alors un objet dont
nul promeneur ne songerait à se séparer.
Car cet élément apparemment accessoire
peut se muer en une arme redoutable entre les
mains de quiconque sait la manier. Et comme à
cette époque, les rues étaient peu
sûres et les mauvaises rencontres fréquentes,
la canne s'avérait un excellent moyen d'assurer
sa sécurité, au même titre
que la savate, cet ancêtre de la boxe française.
La canne perdit une bonne partie de son intérêt
en tant qu'arme de défense lorsqu'elle
cessa d'être un accessoire vestimentaire
à la mode. Restait le sport. Il vaut toujours
d'être découvert
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